lundi 1 septembre 2014

Le SIEL, le RBM et le Couteaux baveur

Comme le rappelle fort justement Bruno Gollnisch dans un billet d'actualité :

Billet d'actualité de gollnisch.com daté du 2014/04/15

"La discipline est la force des armées, la désobéissance ou pire, l’insubordination, ne peut conduire qu’au désastre.

Bruno Mégret en sait quelque chose, lui qui a mené une fronde contre le FN en 1998 qui a failli  briser les reins de l’opposition nationale et dont les effets délétères, calamiteux, se sont très longtemps fait sentir. Si la plupart de ceux qui l’avaient suivi ont réintégré le FN, l’ex-président du Mouvement National Républicain (MNR) reste sur son Aventin dans l’indifférence quasi générale. Il a cependant  repris la parole dans un entretien accordé à parismatch.com et publié hier. Contrairement à  Alain Finkielkraut, M. Mégret ne va pas jusqu’à juger Marine Le Pen « infréquentable ». Il se réjoui même des bons résultats électoraux du Front, qui serait la résultante de « sa » théorisation d’une « stratégie de dédiabolisation ». Il  juge cependant  que « le FN actuel, c’est le discours ancien de Jean-Marie Le Pen réorienté à gauche sur le plan économique ». «Sur la question de l’économie ou celle de l’Europe, le projet du FN manque de crédibilité» affirme-t-il encore.

Homme tout aussi intelligent [LOL] que l’est M. Mégret, Paul-Marie Coûteaux, à la tête jusqu’alors du Siel, petite structure affiliée au RBM, entendait lui aussi réorienter le FN. Mais lui aussi a failli à la plus élémentaire discipline, a jugé Marine. La présidente du Front National vient de mettre fin à sa collaboration avec ce dernier dans un courrier daté du 7 avril, aujourd’hui commenté dans les médias.

Candidat RBM aux municipales [de mars 2014]dans le 6ème arrondissement de Paris, Paul-Marie Coûteaux s’était prononcé sans en avoir le mandat dès le lendemain du premier tour, pour proposer une alliance à la militante anti-nationale NKM au nom de « l’union des droites » !"



Non content de vouloir s'allier avec Kosciusko-Morizet, Coûteaux n'en finit pas d'épancher sa bave dans les médias. Ainsi dans un entretien publié le 24 juin 2014 :
Entretien pour www.parismatch.com/Actu/Politique/Paul-Marie-Couteaux publié le 24 juin 2014

Ces dernières années, il a joué inlassablement les intermédiaires pour Marine Le Pen, ouvrant son épais carnet d'adresse à la présidente du Front national. C’est grâce à lui qu’elle a rencontré Florian Philippot, énarque devenu vice-président du Front national, tout comme Philippe Martel, ancien collaborateur d’Alain Juppé, aujourd’hui chef de cabinet de l’eurodéputée. Paul-Marie Coûteaux a été une pièce maîtresse de l'opération de «dédiabolisation», convaincu qu'il était de pouvoir faire de Marine Le Pen une candidate capable de rassembler bien au-delà du FN.

Lui qui préfère d’ordinaire la discrétion aux déclarations fracassantes ne veut plus taire ses désaccords avec celle qu'il appelle encore «Marine». Paul-Marie Coûteaux affirme aujourd’hui qu’il a depuis longtemps perdu ses illusions sur le Rassemblement bleu marine, la structure censée fédérer les alliés du Front national, dont son petit parti, le Siel, est le seul autre membre. Une tentative de putsch au sein du Siel a poussé ce gaulliste revendiqué à prendre la parole.

Paris Match. Comment vous êtes-vous retrouvé évincé du Siel, le parti que vous présidez ?

Paul-Marie Coûteaux. Dans une lettre qu’elle s’est arrangée pour faire fuiter, Marine Le Pen a nommé Karim Ouchikh, président-délégué du Siel, président à ma place, en dehors de toute règle légale connue jusqu’à présent. Je ne pense pas que la présidente d’un parti puisse démettre le président d’un autre parti et le remplacer par qui bon lui semble. Le bonhomme a essayé de se faire légitimer en convoquant une assemblée générale bidon et il a publié un communiqué.

Paris Match. Allez-vous vous battre pour récupérer la présidence du Siel ?

Paul-Marie Coûteaux. Récupérer, ce n’est pas le mot, mon cher! Je ne considère pas que je l’ai perdue parce que 27 clampins se sont réunis. On ne peut pas appeler ça être destitué.

Paris Match. Que signifient ces tensions pour l'avenir du Rassemblement bleu marine (RBM)?

Paul-Marie Coûteaux. C’est un problème pour le RBM et c’est un problème pour Marine Le Pen. Ça va mal avec Robert Ménard, ça va mal avec Gilbert Collard (respectivement, le nouveau maire de Béziers et le député du Gard, nldr). Son illusion de rassemblement tombe; tout comme son illusion d’avoir un groupe en Europe. Et pour les mêmes raisons: son obsession selon laquelle la terre entière est peuplée d’ennemis. Nous avions pourtant fait le pari qu’il était possible de réintégrer, sinon le FN du moins l’électorat du FN, dans le jeu politique. Je crois malsain d'en écarter 4 ou 5 millions de Français. C’est le pari que j’ai fait, il est raté. Et il est raté à cause d’elle.

Paris Match. Quel est le problème, selon vous?

Paul-Marie Coûteaux. Marine Le Pen est tout sauf diplomate. Elle ne sait pas avoir des partenaires. Le problème a ressurgi ces derniers temps avec son incapacité à trouver des alliés en Europe. J’avais participé à l’organisation d’un déjeuner avec Nigel Farage, le leader des eurosceptiques britanniques de l'UKIP, l’année dernière. Ça ne s’était pas si mal passé, mais elle a eu la bêtise d’en parler et même de présenter un jour Nigel Farage comme son partenaire pour un futur groupe. Ça l’a braqué et il m’a téléphoné furieux. J’ai fait savoir à Marine que ça n’était pas des procédés.

Paris Match. Avez-vous totalement abandonné l'idée d'un rassemblement large autour de Marine Le Pen?

Paul-Marie Coûteaux. Marine Le Pen n'est pas sortie du cadre du FN. J'ai fait des observations en disant qu’il faut une architecture gouvernementale, qu’il faut des partenaires, qu’aucun parti ne peut gouverner seul, qu’il faut qu’elle soit la championne de la droite au second tour de la présidentielle. Elle pouvait ramasser des portions importantes de l'UMP. L’ouverture, ce n’est pas seulement avec les villiéristes ou les partisans de Dupont-Aignan, avec qui elle s’est d’ailleurs sans cesse très mal conduit. Elle ne comprend pas les institutions de la Vème République.

Paris Match. Avez-vous été ostracisé pour avoir tenté des rapprochements avec d'autres figures de la droite, notamment Nicolas Dupont-Aignan?

Paul-Marie Coûteaux. Qui veut abattre son chien dit qu’il a la rage. Le Front national a fait courir quantité de bruits de ralliement: François Fillon un jour, Nicolas Dupont-Aignan un autre, Christine Boutin un troisième, c’était sans fin! Et le FN a raconté n’importe quoi, que j’avais des liens avec Serge Ayoub (figure du mouvement skinhead d'extrême-droite, ndlr), parce que j’avais donné une conférence devant son cercle solidariste, sans très bien savoir qui c’était d’ailleurs. Elle me reproche mes fréquentations avec Serge Ayoub, c’est invraisemblable!

Paris Match. Regrettez-vous l'influence qu'exerce toujours Jean-Marie Le Pen au Front national?

Paul-Marie Coûteaux. Je ne comprends même pas pourquoi Marine Le Pen a renouvelé son investiture pour les européennes. A 86 ans, elle aurait pu lui faire comprendre qu’il est temps de prendre sa retraite. Elle cède toujours devant lui. Il a trois armes : l’arme médiatique, l’arme politique, parce qu'il a une grande partie du FN derrière lui, et surtout, l'arme financière. Par la Cotelec (le micro-parti de Jean-Marie Le Pen, ndlr), il contrôle une bonne partie des finances du FN et c’est beaucoup, c’est un parti richement doté. Et il tient d’autres cordons de la bourse, familiale. Il a déshérité autant qu’il l’a pu sa fille aînée Marie-Caroline. Les deux autres filles se tiennent à carreau. Et Marine Le Pen n’a pas vraiment rompu, elle vit toujours chez son père à Montretout. C’est bizarre qu’une femme de 46 ans vive chez son père !

Paris Match. Pensez-vous qu'il demeure au Front national une forme de manque d'envie d'exercer le pouvoir?

Paul-Marie Coûteaux. Je n'ose pas le croire. Il y a un autre problème derrière ça. Le manque de doigté diplomatique de Marine Le Pen, qui a abouti à son échec en Europe, cache une sorte d’insuffisance presque technique de l’action politique. Ils ne sont pas en mesure de gouverner. J’ai été au coeur du système pendant longtemps, je vois bien qu’ils ne sont pas dans la logique gouvernementale. Se savent-ils à ce point loin de l’art de gouverner qu’ils n’envisagent même pas de gouverner? C’est possible. Aux municipales, il y avait des villes qu’ils n’osaient pas prendre.

Paris Match. Pourquoi le Front national ne pourrait-il pas rassembler sur son nom?

Paul-Marie Coûteaux. Le nom même du Front national coupe Marine Le Pen d’une bonne partie de ses alliés potentiels à droite. Et autour du mot même de Front national, il y a des levées de bouclier. Ce n’est pas consensuel, c’est le moins qu’on puisse dire ! On doit avoir un président de la République qui doit être accepté par tous. Comme disait le Général de Gaulle, c’est l’homme de la nation. Il disait aussi: « Pour être l’homme de tous, il faut n'être l’homme de personne ». Giscard n’était pas l’homme des Républicains indépendants. Mitterrand n’a pas été que le patron du Parti socialiste. C’est la règle de la Vème République et c’est une bonne chose.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire