vendredi 22 août 2014

Crise de l'emploi aux USA

Depuis la crise de 2007-2008, le nombre d'emplois à temps plein aux USA a considérablement chuté.

Rapporté à la population totale âgée de 16 à 54 ans (en âge de travailler), le pourcentage d'emplois à temps plein (full-time workers) a chuté de 5 %, passant de 52% à 47%.
Il se situe maintenant à un niveau historiquement bas. Depuis les années 1980, ce taux oscillait entre 50 et 54%. En pratique, ce niveau est proche de celui des années 1960-70.
En fait, tout porte à croire que les USA retournent vers une situation similaire à celle des années 1960-70, en terme d'emploi et de niveau de vie, avec des problèmes d'endettement et d'hyper-pauvreté en plus.

Emplois à temps plein aux USA (en rouge et en %age de la population totale)

Le graphique suivant comprend l'ensemble de tous les travailleurs: à temps plein, à temps partiel et les auto-entrepreneurs et artisans.
Actuellement, il y a aux USA :

  • 92 millions d'inactifs et de chômeurs,
  • 148 millions d'actifs, dont 118 millions de travailleurs à temps plein, et 30 millions de travailleurs à temps partiel ou auto-entrepreneurs,

Après un sommet dans les années 1990, l'emploi total aux USA est sur une pente baissière depuis le début des années 2000. La crise de 2007-2008 est un peu l'arbre qui cache la forêt. La situation était déjà mauvaise dès le début des années 2000.
Entre 2000 et 2013, le taux d'emploi est passé de 67% à 63%, soit une baisse de 4% en 13 ans, soit une baisse de 0,3% par an.
Chaque pourcent représente 1% de 92+148= 240 millions en âge de travailler, soit 2,4 millions de personnes. Cela signifie que, depuis le début des années 2000, les USA ont perdu environ 10 millions d'emplois en 14 ans, au rythme moyen de 800 000 par an.

A ce rythme, si rien ne change, les USA devraient retomber au taux d'emploi des années 1960 et 1970, dans une dizaine d'années.

(NB: la ligne de tendance en rouge sur le graphique ci-dessous est un peu sévère, mais la tendance à la baisse est correcte)

Evolution de l'emploi total aux USA (à temps plein ou partiel)

Actuellement, l'économie des USA est donc structurellement destructrice d'emplois. Elle détruit environ 800 000 emplois par an, depuis plus de 10 ans.
Tout au début, nous avons vu que le taux d'emploi à temps plein a baissé de 5%, ce qui représente une perte de 5% * 2,4 millions soit une destruction de 12 millions d'emplois à temps plein.
Cela signifie que les USA ont dans le même temps créé environ 12-10 millions soit 2 millions d'emplois à temps partiel, qui limite légèrement la baisse totale sur la période 2000-2013.

Conséquence de la destruction massive d'emplois: le nombre d'allocataires de bons d'alimentation augmente, pratiquement dans les mêmes proportions, passant de 45 millions à 57 millions.
On peut noter que le ratio entre allocataires de bons d'alimentation et travailleurs à temps plein est passé de 1 pour 3 dans les années 1960 à 1 pour 2 aujourd'hui,
ce qui pose la question de savoir combien de temps un nombre de travailleurs en baisse pourra subvenir aux besoins d'un nombre croissant d'allocataires. L'équation n'est évidemment pas tenable dans le long terme.

Evolution du nombre d'allocataires et de travailleurs à temps plein

L'équation macro-économique des USA est donc mauvaise :

  1. Le nombre d'allocataires de bons d'alimentation augmente, et atteint maintenant un ratio de 1 allocataire pour 2 emplois à temps plein,
  2. Depuis l'année 2000, l'économie des USA détruit 800 000 emplois par an, et en a détruit environ 10 millions entre 2000 et 2013,
  3. L'endettement des ménages et de l'Etat est énorme, dépassant de loin les niveaux jamais atteints auparavant.

L'endettement total aux USA est 2,5 fois plus grand que pendant les années 1960 et 1970, et il est passé de 150% à 400% du PIB.

Dette publique des USA (depuis 1790)

Tentative d'analyse

Depuis l'année 2000, quelque chose est cassé dans l'économie des USA. Elle crée toujours plus de chômeurs, en même temps qu'elle crée toujours plus d'endettement. Le modèle macro-économique américain ne marche plus.
On peut d'ailleurs se demander si la prospérité des années 1980 et 1990 n'est pas factice et n'était pas déjà une folle prospérité achetée à crédit.
On peut aussi noter qu'au début des années 2000, l'Etat américain semble avoir tenté une relance keynésienne par l'endettement, mais cela n'a pas eu l'effet positif escompté et le système a continué de s'enfoncer dans une logique récessive.

La crise de 2007-2008 a confirmé la tendance à la dégradation, plus qu'elle ne l'a créée.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire