jeudi 6 novembre 2014

Catholiques et vote catholique

D'après Yann Raison du Cleuziou, Qui sont les cathos aujourd'hui ? Éditions Desclée de Brouwer, 18,90 euros

« La France est aujourd'hui un des pays de culture catholique où la pratique religieuse est la plus faible », note le sociologue Yann Raison du Cleuziou : « Environ 56 % des Français se disent encore catholiques, seulement 4,5 % assistent à la messe chaque semaine » alors que 24 % des Italiens et 13 % des Espagnols s'y rendent régulièrement.
« En 1972, 82 % des Français se disaient catholiques et 20 % étaient messalisants (allaient à la messe tous les dimanches) ».

Très inégalement diffusé dans la population française, le catholicisme se caractérise actuellement par une sous-représentation de la jeunesse – « 16 % de moins de 25 ans […] alors qu'ils constituent 30 % de la population totale » – et une surreprésentation des plus de 50 ans : « 65 % […] alors (qu'ils) ne sont que 42 % de la population française ». « Les femmes sont surreprésentées parmi les catholiques pratiquants ; elles constituent 61 % des fidèles alors qu'elles ne sont que 52 % de la population ».

« Les catholiques pratiquants sont donc plus âgés et appartiennent à une classe plus aisée que la moyenne des Français », synthétise Yann Raison du Cleuziou, qui relève également qu'à la présidentielle de 2012, ils ont voté, au premier tour, à 47 % pour Nicolas Sarkozy (contre 29,6 % pour l'ensemble des électeurs) et à environ 70 % pour le même (contre 66 % à 79 % selon les enquêtes) au second tour.
Quant au vote pour Marine Le Pen, il était en hausse chez ces mêmes catholiques pratiquants, notamment chez les jeunes : 27 % des moins de 35 ans, selon l'Ifop, mais seulement 7 % des plus de 65 ans, contre un score national de 18 % pour la candidate du FN.

Sous forme de portraits, l'enquête montre un catholicisme français divisé :
- conciliaires revendiqués, plus âgés et centrés sur Vatican II, actifs dans leurs paroisses,
- émancipés, pratiquants occasionnels,
- charismatiques, axés sur leur rencontre personnelle avec Jésus-Christ,
- observants, fidèles à la messe et à la doctrine de l'Église.

La Manif Pour Tous (LMPT) a rendu une certaine visibilité à la religion catholique en France. Mais, souligne Yann Raison du Cleuziou dans une interview à l'hebdomadaire La Vie, « la réalité est plus nuancée. Selon un sondage Pèlerin […], 40 % des catholiques pratiquants n'étaient pas hostiles à la loi Taubira, ce qui ne voulait pas non plus dire qu'ils étaient partisans du mariage homosexuel, notamment sur le plan religieux ».
En revanche, il relève qu'il « est évident que pour la jeunesse catholique néoclassique et observante, la Manif Pour Tous (LMPT) est un tournant. Ils ont pris conscience de leur poids politique […]. Ces jeunes estiment désormais qu'ils représentent les forces vives de l'Église, contre leurs aînés accusés d'avoir abandonné tout combat public ».

Face au pape François, ressenti comme plus moderne que son prédécesseur mais attendu sur ses actes, « je ne dirais pas que l'état de grâce est retombé, remarque le sociologue, mais que les cultures catholiques sont dans l'expectative ». « Nous sommes en présence de militants catholiques plutôt conservateurs et d'un pape qui les bouscule. Mais ils sont légitimistes, donc ce pape va forcément un peu les déplacer dans leurs positions. »



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